C'était mercredi. Ce mercredi où j'allais tenir Anne Marry dans mes bras pour la première et dernière fois de ma vie. C'était une rencontre qui resterait longtemps gravée dans ma mémoire. Dont je me souviendrais encore dans mes vieux jours avec un doux sourire. Un sourire doux et triste. Le fait est que je l'avais souvent observée. Dans le métro, dans le tramway, dans le train, à l'université. Je l'aimais, mais je ne le dirais à personne. C'était une étudiante en médecine blonde et menue. Et moi, qui étais-je ? J'étais sans domicile fixe. J'avais perdu ma famille. Mes parents étaient morts dans un grave accident de voiture, ainsi que mon frère Sam. Ils ne m'avaient pas laissé de fortune, je n'avais pas d'autre choix et j'étais devenue sans-abri. C'est une triste histoire. Mais que faire ? Pleurer ? Non, c'était bien trop humiliant pour sombrer dans un tel désespoir, de toute façon si on était amoureux. Mon oncle Jovan, chez qui j'étais invité à déjeuner tous les dimanches et qui m'emmenait à l'église, m'a dit un jour : "Bastian ?", et il avait allumé une cigarette. "Hein ?" "T'es un bon garçon, je suis désolé que tu sois devenu un voyou. Tu es paresseux". C'est alors que Jana et Elisabeth étaient apparues sur la terrasse. Ses filles jumelles. Maquillées et préparées comme pour une fête. "Nous allons chez Jonas et Erik et Annabella". A ce moment-là, Elisabeth m'avait regardée d'un air désapprobateur. "Quand est-ce qu'il repart ?", a-t-elle fait remarquer non sans humour. Jovan avait soufflé avec plaisir la fumée de son cigare et m'en avait offert un. Je l'avais saisi avec gratitude. D'habitude, je devais toujours aller mendier pour ce genre de choses. "Ensuite, quand tu ne le demanderas plus. Allez, filez. Je ne veux plus vous voir ici aujourd'hui". Les filles d'à peine dix-huit ans disparurent non sans laisser un goût de tristesse dans l'air. J'avais honte de moi. Honte de ma vie. D'avoir été un "goinfre" et d'avoir été paresseux, comme disait Jovan. Les larmes me brûlaient les yeux quand je suis reparti. Je voulais faire quelque chose de ma vie. Mais que faire si personne ne me donnait de travail. "Fais-le, prends le risque d'échouer ou de gagner et cherche du travail. L'essentiel, c'est que tu aies pris le risque, espèce d'âne". Une centaine de pensées se sont bousculées dans ma tête ce jour-là. Je n'allais plus mendier aujourd'hui. Je me suis creusé la tête et j'ai réfléchi jusqu'au lendemain matin. Puis j'ai cherché du travail. Je voulais faire partie des meilleures classes. Mais le chemin était long. Au bout d'une semaine, après de nombreux refus, j'ai enfin eu de la chance et j'ai trouvé un emploi. Au service de ramassage des ordures. Puis, après six mois, au centre de recyclage. Puis au bureau. J'avais tout fait pour elle. Pour la jeune étudiante en médecine Anne Marry Watson. La sœur de la meilleure amie d'Elisabeth, Annabella. À chaque respiration, je me suis mis à rêver d'une vie avec elle. Une maison, des enfants, un jardin et peut-être un chien. Mais lorsque j'ai commencé à gravir les échelons, de petit "paresseux" à manager, elle est devenue médecin, puis médecin-chef, mes rêves se sont brisés. C'était mercredi. J'ai rencontré la femme qui, au début, m'avait traité avec moquerie et dégoût. La femme pour laquelle j'avais tout fait. Nous sommes allés dans un restaurant. Puis dans mon loft hors de prix. Le soir, elle est morte dans mes bras lors d'un violent tremblement de terre. Mon monde s'est écroulé de l'intérieur. J'avais l'impression d'avoir TOUT fait pour cette femme, et maintenant ? Qu'est-ce qui se passait maintenant ? Bien des années plus tard, alors que j'étais un homme d'une soixantaine d'années, j'ai compris que dans la vie, il fallait se battre pour soi et non pour les autres. Quand on fait quelque chose, on le fait pour son propre "bien-être" dans le sens où on le fait pour les autres. Pas pour celui des autres. Dans ce cas, j'aurais dû gravir les échelons pour moi, pas pour Anne Marry. Cela avait été mon erreur. J'aurais dû me respecter beaucoup plus. Après tout, c'était ma propre vie que je tenais entre mes mains, et personne d'autre. Je l'ai regretté. J'avais construit ces murs moi-même. C'était mon
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