ASANO Tadanobu Follow einer Story

Acteur japonais né en 1973

Chez les ASANO, lorsque Tadanobu était

lycéen, c'était le monde à l'envers! Le fils

devait tempérer l'enthousiasme d'un père

agent qui le voyait déjà acteur : pour l'ado-

lescent, mieux valait se concentrer sur ses

études. Mais il faut bien admettre que la foi

de M. AsANo en les talents de son fils ne tenait

pas qu'à une fierté paternelle subjective:

Tadanobu incarne à ce point le cinéma japo-

nais contemporain que l'on pourrait résu-

mer ce cinéma dans toute sa diversité et sa

richesse en une simple mosaïque des rôles

qu'il a joués.

Car AsANO évite absolument tout cloi-

sonnement. Au Japon, en effet, un artiste

doit pouvoir briller dans plusieurs domai-

nes (KITANO se moque ainsi des gens n ayant

qu'une spécialité). Suivant ce principe,

Tadanobu est comédien, réalisateur (Tori,

2004), mais aussi guitariste dans Mach 1.67,

groupe qu'il a formé avec le cinéaste IsH

Sogo (Electric Dragon 80000 V,2001). Depuis

son premier rôle en 1990 dans Swimming

Upstream (MATSUOKA Joji), on a pu voir ASANO

aussi bien chez OSHIMA Nagisa (Tabou, 1999)

que chez certains des jeunes cinéastes japo-

nais les plus intéressants, dont IsHI Katsuhito

(A Taste of Tea, 2004) ou SEKIGUCHI Gen [Survive

Style 5+, 2004], venus sans complexe de la

publicité. Les réalisateurs emblématiques du

cinéma japonais contemporain ont fait appel

à son jeu si particulier : KoRE'EDA Hirokazu

(Distance, 2001), AovAMA Shinji (Helpless, 1996),

IwAl Shunji (PiCNiC, 1996), MIKE Takashi (Ichi

The Killer, 20011, KUROSAWA Kiyoshi (Jellyfish, 2003), KITANO

Takeshi(Zatoichi,2003)...

Sa capacité à entrer aussi facilement dans des mondes

si « antinomiques » tient à son style remarquable. Dire de

tout acteur japonais impassible qu'il s'inspire du masque

de théâtre nô est souvent un réflexe de critique, aussi piètre

que l'argument consistant à dire systématiquement d'un

film se jouant de la rationalité que « c'est du LYNCH », pour

ne pas avouer qu'on ne l'a pas compris. Néanmoins, pour

décrire l'art d'AsANO, il est tout à fait pertinent. La sobriété

de ses expressions est d'une rare complexité. Cette neu-

tralité des traits fonde un jeu qui existe et s'actualise à

partir du contexte. Loin d'être un masque figé, son visage

se laisse lire selon la situation dans laquelle se trouve son

personnaqe. Adaptant les mots de MISHIMA au jeu d'ASANO,

on pourrait dire qu'il « change tout en restant inchangé ». Il

n'interprète pas, mais laisse le spectateur interpréter, ce qui

demande sans doute plus de talent et un jeu aux variations

imperceptibles d'une subtilité rare, entre retenue extrême

et affleurement.

Enfin, non content de passer de samouraï troublé

chez OSHIMA à nerd pervers chez ANNO Hideaki (Love & Pop,

1998), ASANO contribue au dynamisme d'un cinéma plus

seulement japonais, mais asiatique, par ses collaborations avec WoNG Kar-wai.